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CORINNE OU L’ITALIE

certain genre de fierté ; et si des charmes généralement admirés, tels que ceux de Corinne, ont un véritable avantage, c’est qu’ils permettent de placer son orgueil dans le sentiment qu’on éprouve, plus encore que dans celui qu’on inspire.

Corinne et lord Nelvil recommencèrent leurs courses par les églises les plus remarquables entre les nombreuses églises de Rome ; elles sont toutes décorées par les magnificences antiques ; mais quelque chose de sombre et de bizarre se mêle à ces beaux marbres, à ces ornemens de fête enlevés aux temples païens. Les colonnes de porphyre et de granit étaient en si grand nombre à Rome, qu’on les a prodiguées presque sans y attacher aucun prix. À Saint-Jean de Latran, dans cette église fameuse par les conciles qui y ont été tenus, on trouve une telle quantité de colonnes de marbre, qu’il en est plusieurs qu’on a recouvertes d’un mastic de plâtre pour en faire des pilastres, tant la multitude de ces richesses y avait rendu indifférent ! Quelques-unes de ces colonnes étaient dans le tombeau d’Adrien, d’autres au Capitole ; celles-ci portent encore sur leur chapiteau la figure des oies qui ont sauvé le peuple romain ; ces colonnes soutiennent des ornemens gothiques,