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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/184

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CORINNE OU L’ITALIE

et quelques-unes, des ornemens à la manière des Arabes. L’urne d’Agrippa recèle les cendres d’un pape, car les morts eux-mêmes ont cédé la place à d’autres morts, et les tombeaux ont presque aussi souvent changé de maîtres que la demeure des vivans.

Près de Saint-Jean de Latran est l’escalier saint, transporté, dit-on, de Jérusalem à Rome. On ne peut le monter qu’à genoux. César lui-même et Claude montèrent aussi à genoux l’escalier qui conduisait au temple de Jupiter Capitolin. À côté de Saint-Jean de Latran est le baptistère où l’on dit que Constantin fut baptisé. Au milieu de la place l’on voit un obélisque qui est peut-être le plus ancien monument qui soit dans le monde. Un obélisque contemporain de la guerre de Troye ! un obélisque que le barbare Cambyse respecta cependant assez pour faire arrêter en son honneur l’incendie d’une ville ! un obélisque pour lequel un roi mit en gage la vie de son fils unique ! Les Romains l’ont fait arriver miraculeusement du fond de l’Égypte jusqu’en Italie ; ils détournèrent le Nil de son cours pour qu’il allât le chercher et le transportât jusqu’à la mer ; cet obélisque est encore couvert des hiéroglyphes qui gardent leur secret depuis tant de siècles, et défient jusqu’à