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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/219

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CORINNE OU L’ITALIE

été sous les Romains la plus militaire de toutes, la plus jalouse de sa liberté dans les républiques du moyen âge, et dans le seizième siècle la plus illustre par les lettres, les sciences et les arts ? N’a-t-elle pas poursuivi la gloire sous toutes les formes ? Et si maintenant elle n’en a plus, pourquoi n’en accuseriez-vous pas sa situation politique, puisque dans d’autres circonstances elle s’est montrée si différente de ce qu’elle est maintenant ?

Je ne sais si je m’abuse, mais les torts des Italiens ne font que m’inspirer un sentiment de pitié pour leur sort. Les étrangers de tout temps ont conquis, déchiré ce beau pays, l’objet de leur ambition perpétuelle ; et les étrangers reprochent avec amertume à cette nation les torts des nations vaincues et déchirées ! L’Europe a reçu des Italiens les arts et les sciences, et maintenant qu’elle a tourné contre eux leurs propres présens, elle leur conteste souvent encore la dernière gloire qui soit permise aux nations sans force militaire et sans liberté politique, la gloire des sciences et des arts.

Il est si vrai que les gouvernemens font le caractère des nations, que, dans cette même Italie, vous voyez des différences de mœurs remarquables entre les divers états qui la com-