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CORINNE OU L’ITALIE

et de la vieille Angleterre ; c’était le plus honnête homme du monde, et même il avait beaucoup plus d’esprit et d’instruction que ses habitudes ne devaient le faire croire. Il était Anglais avant tout, non-seulement comme il devait l’être, mais aussi comme on aurait pu souhaiter qu’il ne le fût pas ; suivant dans tous les pays les coutumes du sien, ne vivant qu’avec les Anglais, et ne s’entretenant jamais avec les étrangers, non par dédain, mais par une sorte de répugnance à parler les langues étrangères, et de timidité même à l’âge de cinquante ans, qui lui rendait très-difficile de faire de nouvelles connaissances.

— Je suis charmé de vous voir, dit-il à lord Nelvil, je vais à Naples dans quinze jours, vous y trouverai-je ? Je le voudrais, car j’ai peu de temps à rester en Italie, parce que mon régiment doit bientôt s’embarquer. — Votre régiment, répéta lord Nelvil, et il rougit, comme s’il avait oublié qu’il avait un congé d’une année, son régiment ne devant pas être employé avant cette époque ; mais il rougit en pensant que Corinne pourrait peut-être lui faire oublier même son devoir. — Votre régiment, à vous, continua M. Edgermond, ne sera pas mis en activité de sitôt, ainsi rétablissez votre santé ici sans inquiétude ; j’ai vu avant de partir ma jeune