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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/232

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CORINNE OU L’ITALIE

cousine à laquelle vous vous intéressez ; elle est plus charmante que jamais ; et dans un an, quand vous reviendrez, je ne doute pas qu’elle ne soit la plus belle femme de l’Angleterre. — Lord Nelvil se tut, et M. Edgermond garda le silence aussi de son côté. Ils se dirent encore quelques mots d’une manière assez laconique quoique bienveillante, et M. Edgermond allait sortir, lorsqu’il revint sur ses pas, et dit : — À propos, Mylord, vous pouvez me faire un plaisir : on m’a dit que vous connaissiez la célèbre Corinne, et bien que je n’aime pas en général les nouvelles connaissances, je suis tout-à-fait curieux de celle-là. — Je demanderai à Corinne la permission de vous mener chez elle, puisque vous le désirez, répondit Oswald. — Faites, je vous prie, reprit M. Edgermond, que je la voie un jour où elle improvisera, chantera ou dansera en notre présence. — Corinne, dit lord Nelvil, ne montre point ainsi ses talens aux étrangers, c’est une femme votre égale et la mienne sous tous les rapports. — Pardon de ma méprise, reprit M. Edgermond ; comme on ne lui connaît pas d’autre nom que Corinne, et qu’à vingt-six ans elle vit toute seule sans aucune personne de sa famille, je croyais qu’elle existait par ses talens, et saisissait volontiers l’occasion de les faire