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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/283

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CORINNE OU L’ITALIE

dire, mais ils ne purent se parler de toute la soirée ; on ne les laissa pas seuls un instant.

Jamais tragédie n’avait produit un tel effet en Italie. Les Romains exaltaient avec transport la traduction et la pièce et l’actrice. Ils disaient que c’était là véritablement la tragédie qui convenait aux Italiens, peignait leurs mœurs, remuait leur ame en captivant leur imagination, et faisait valoir leur belle langue par un style tour à tour éloquent et lyrique, inspiré et naturel. Corinne recevait tous ces éloges avec un air de douceur et de bienveillance ; mais son ame était restée suspendue à ce mot je jure… qu’Oswald avait prononcé, et dont l’arrivée du monde avait interrompu la suite : ce mot pouvait en effet contenir le secret de sa destinée.