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CORINNE OU L’ITALIE

Les Égyptiens excellaient bien plus dans l’art d’imiter les animaux que les hommes, c’est l’empire de l’ame qui semble leur être inaccessible. Viennent ensuite les portiques du Musée, où l’on voit à chaque pas un nouveau chef-d’oeuvre. Des vases, des autels, des ornemens de toute espèce entourent l’Apollon, le Laocoon, les Muses. C’est là qu’on apprend à sentir Homère et Sophocle : c’est là que se révèle à l’ame une connaissance de l’antiquité, qui ne peut jamais s’acquérir ailleurs. C’est en vain que l’on se fie à la lecture de l’histoire pour comprendre l’esprit des peuples ; ce que l’on voit excite en nous bien plus d’idées que ce qu’on lit, et les objets extérieurs causent une émotion forte, qui donne à l’étude du passé l’intérêt et la vie qu’on trouve dans l’observation des hommes et des faits contemporains.

Au milieu des magnifiques portiques, asile de tant de merveilles, il y a des fontaines qui coulent sans cesse et vous avertissent doucement des heures qui passaient de même, il y a deux mille ans, quand les artistes de ces chefs-d’oeuvre existaient encore. Mais l’impression la plus mélancolique que l’on éprouve au Musée du Vatican, c’est en contemplant les débris de statues que l’on y voit rassemblés ; le torse d’Hercule, des têtes