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CORINNE OU L’ITALIE

raient ; mais le libérateur n’écoutait rien avant d’avoir achevé sa généreuse entreprise.

Sur les six malheureux qui étaient dans l’hôpital, cinq étaient déjà sauvés ; il ne restait plus que le sixième qui était enchaîné. Oswald détache ses fers et veut lui faire prendre, pour échapper, les mêmes moyens qu’à ses compagnons ; mais c’était un pauvre jeune homme privé tout à fait de la raison, et se trouvant en liberté après deux ans de chaîne, il s’élançait dans la chambre avec une joie désordonnée. Cette joie devint de la fureur, lorsqu’Oswald voulut le faire sortir par la fenêtre. Lord Nelvil voyant alors que les flammes gagnaient toujours plus la maison, et qu’il était impossible de décider cet insensé à se sauver lui-même, le saisit dans ses bras, malgré les efforts du malheureux qui luttait contre son bienfaiteur. Il l’emporta sans savoir où il mettait les pieds, tant la fumée obscurcissait sa vue ; il sauta les derniers échelons au hasard, et remit l’infortuné, qui l’injuriait encore, à quelques personnes, en leur faisant promettre d’avoir soin de lui.

Oswald, animé par le danger qu’il venait de courir, les cheveux épars, le regard fier et doux frappa d’admiration et presque de fanatisme la