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CORINNE OU L’ITALIE

spectacle, où l’on joue son rôle l’un vis-à-vis de l’autre, où l’on apprend ce qu’il faut faire, à quel moment il faut le faire, quand on doit prier, finir de prier, se mettre à genoux, se relever ; la régularité des cérémonies d’une cour introduite dans un temple, gêne le libre élan du cœur, qui donne seul à l’homme l’espérance de se rapprocher de la divinité.

Ces observations sont assez généralement senties par les étrangers ; mais les Romains, pour la plupart, ne se lassent point de ces cérémonies, et tous les ans ils y trouvent un nouveau plaisir. Un trait singulier du caractère des Italiens, c’est que leur mobilité ne les porte point a l’inconstance, et que leur vivacité ne leur rend point la variété nécessaire. Ils sont, en toute chose, patiens et persévérans ; leur imagination embellit ce qu’ils possèdent ; elle occupe leur vie au lieu de la rendre inquiète ; ils trouvent tout plus magnifique, plus imposant, plus beau que cela n’est réellement ; et tandis qu’ailleurs la vanité consiste à se montrer blasé, celle des Italiens, ou plutôt la chaleur et la vivacité qu’ils ont en eux-mêmes leur fait trouver du plaisir dans le sentiment de l’admiration.

Lord Nelvil s’attendait, d’après tout ce que