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CORINNE OU L’ITALIE

ils ne se refusent point à nous absoudre, quand nous le leur demandons avec zèle ; et les attachemens du cœur inspirent ici plus qu’ailleurs une indulgente pitié. Jésus-Christ n’a-t-il pas dit de la Magdeleine : Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé. Ces mots ont été prononcés sous un ciel aussi beau que le nôtre ; ce même ciel implore pour nous la miséricorde de la divinité.

— Corinne, répondit lord Nelvil, comment combattre des paroles si douces, et dont mon cœur a tant de besoin ! Mais je le ferai cependant, parce que ce n’est pas pour un jour que j’aime Corinne et que j’espère avec elle un long avenir de bonheur et de vertu. La religion la plus pure est celle qui fait du sacrifice de nos passions, et de l’accomplissement de nos devoirs, un hommage continuel à l’Etre suprême. La moralité de l’homme est son culte envers Dieu : c’est dégrader l’idée que nous avons du Créateur, que de lui supposer dans ses rapports avec la créature une volonté qui ne soit pas relative à son perfectionnement intellectuel. La paternité, cette noble image d’un maître souverainement bon, ne demande rien aux enfans que pour les rendre meilleurs ou plus heureux ; comment donc s’imaginer que Dieu exigerait de l’homme