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CORINNE OU L’ITALIE

ciel, ces Romains si enthousiastes, et par-dessus tout Corinne, électrisaient l’imagination d’Oswald ; il avait vu souvent dans son pays des hommes d’état portés en triomphe par le peuple ; mais c’était pour la première fois qu’il était témoin des honneurs rendus à une femme, à une femme illustrée seulement par les dons du génie ; son char de victoire ne coûtait de larmes à personne, et nul regret, comme nulle crainte, n’empêchait d’admirer les plus beaux dons de la nature, l’imagination, le sentiment et la pensée.

Oswald était tellement absorbé dans ses réflexions, des idées si nouvelles l’occupaient, qu’il ne remarqua point les lieux antiques et célèbres à travers lesquels passait le char de Corinne ; c’est au pied de l’escalier qui conduit au Capitole que ce char s’arrêta, et dans ce moment tous les amis de Corinne se précipitèrent pour lui offrir la main. Elle choisit celle du prince Castel-Forte, le grand seigneur romain le plus estimé par son esprit et son caractère ; chacun approuva le choix de Corinne ; elle monta cet escalier du Capitole, dont l’imposante majesté semblait accueillir avec bienveillance les pas légers d’une femme. La musique se fit entendre avec un nouvel éclat au moment de l’arrivée de Co-