Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
CORINNE OU L’ITALIE

rinne, le canon retentit, et la Sybille triomphante entra dans le palais préparé pour la recevoir.

Au fond de la salle dans laquelle elle fut reçue, était placé le sénateur qui devait la couronner et les conservateurs du sénat : d’un côté tous les cardinaux et les femmes les plus distinguées du pays, de l’autre les hommes de lettres de l’académie de Rome ; à l’extrémité opposée, la salle était occupée par une partie de la foule immense qui avait suivi Corinne. La chaise destinée pour elle était sur un gradin inférieur à celui du sénateur. Corinne, avant de s’y placer, devait, selon l’usage, en présence de cette auguste assemblée, mettre un genou en terre sur le premier degré. Elle le fit avec tant de noblesse et de modestie, de douceur et de dignité, que lord Nelvil sentit en ce moment ses yeux mouillés de larmes ; il s’étonna lui-même de son attendrissement : mais au milieu de tout cet éclat, de tous ces succès, il lui semblait que Corinne avait imploré, par ses regards, la protection d’un ami, protection dont jamais une femme, quelque supérieure qu’elle soit, ne peut se passer ; et il pensait en lui-même qu’il serait doux d’être l’appui de celle à qui sa sensibilité seule rendrait cet appui nécessaire.

Dès que Corinne fut assise, les poëtes romains