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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/55

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CORINNE OU L’ITALIE

ses amis entre eux ; elle est le mouvement, l’intérêt de notre vie ; nous comptons sur sa bonté ; nous sommes fiers de son génie ; nous disons aux étrangers : — regardez-la, c’est l’image de notre belle Italie ; elle est ce que nous serions sans l’ignorance, l’envie, la discorde et l’indolence auxquelles notre sort nous a condamnés ; — nous nous plaisons à la contempler comme une admirable production de notre climat, de nos beaux arts, comme un rejeton du passé, comme une prophétie de l’avenir ; et quand les étrangers insultent à ce pays d’où sont sorties les lumières qui ont éclairé l’Europe ; quand ils sont sans pitié pour nos torts qui naissent de nos malheurs, nous leur disons : — regardez Corinne ; — oui, nous suivrions ses traces, nous serions hommes comme elle est femme, si les hommes pouvaient comme les femmes se créer un monde dans leur propre cœur, et si notre génie, nécessairement dépendant des relations sociales et des circonstances extérieures, pouvait s’allumer tout entier au seul flambeau de la poésie. »

Au moment où le prince Castel-Forte cessa de parler, des applaudissemens unanimes se firent entendre ; et quoiqu’il y eût dans la