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CORINNE OU L’ITALIE

vous êtes condamné à la quitter : vous chercheriez en vain, tant que vous vivriez, cette ame créatrice qui partageait et multipliait vos sentimens et vos pensées, vous ne la retrouveriez jamais. »

Oswald tressaillit à ces paroles ; ses yeux se fixèrent sur Corinne, qui les écoutait avec une émotion que l’amour-propre ne faisait pas naître, mais qui tenait à des sentimens plus aimables et plus touchans. Le prince Castel-Forte reprit son discours, qu’un moment d’attendrissement lui avait fait suspendre ; il parla du talent de Corinne pour la peinture, pour la musique, pour la déclamation, pour la danse : il dit que dans tous ces talens, c’était toujours Corinne ne s’astreignant point à telle manière, à telle règle, mais exprimant dans des langages variés la même puissance d’imagination, le même enchantement des beaux arts sous leurs diverses formes.

« Je ne me flatte pas, dit en terminant le prince Castel-Forte, d’avoir pu peindre une personne dont il est impossible d’avoir l’idée quand on ne l’a pas entendue ; mais sa présence est pour nous à Rome comme l’un des bienfaits de notre ciel brillant, de notre nature inspirée. Corinne est le lien de