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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE III


CORINNE se leva lorsque le prince Castel-Forte eut cessé de parler ; elle le remercia par une inclination de tête si noble et si douce, qu’on y sentait tout à la fois et la modestie et la joie bien naturelle d’avoir été louée selon son cœur. Il était d’usage que le poëte couronné au Capitole improvisât ou récitât une pièce de vers avant que l’on posât sur sa tête les lauriers qui lui étaient destinés. Corinne se fit apporter sa lyre, instrument de son choix, qui ressemblait beaucoup à la harpe, mais était cependant plus antique par la forme, et plus simple dans les sons. En l’accordant, elle fut d’abord saisie d’un grand sentiment de timidité ; et ce fut avec une voix tremblante qu’elle demanda le sujet qui lui était imposé. — La gloire et le bonheur de l’Italie ! s’écria-t-on autour d’elle, d’une voix unanime. — Eh bien, oui, reprit-elle déjà saisie, déjà