CORINNE se leva lorsque le prince Castel-Forte
eut cessé de parler ; elle le remercia par une
inclination de tête si noble et si douce, qu’on y
sentait tout à la fois et la modestie et la joie bien
naturelle d’avoir été louée selon son cœur. Il était
d’usage que le poëte couronné au Capitole improvisât
ou récitât une pièce de vers avant que
l’on posât sur sa tête les lauriers qui lui étaient
destinés. Corinne se fit apporter sa lyre, instrument
de son choix, qui ressemblait beaucoup à
la harpe, mais était cependant plus antique par
la forme, et plus simple dans les sons. En l’accordant,
elle fut d’abord saisie d’un grand sentiment
de timidité ; et ce fut avec une voix tremblante
qu’elle demanda le sujet qui lui était
imposé. — La gloire et le bonheur de l’Italie !
s’écria-t-on autour d’elle, d’une voix unanime.
— Eh bien, oui, reprit-elle déjà saisie, déjà