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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/62

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CORINNE OU L’ITALIE

médiateur ; mais il mourut trop tôt pour recueillir les palmes de la patrie. Souvent la vie passagère de l’homme s’use dans les revers ; et si la gloire triomphe, si l’on aborde enfin sur une plage plus heureuse, la tombe s’ouvre derrière le port, et le destin à mille formes annonce souvent la fin de la vie par le retour du bonheur.

Ainsi Le Tasse, infortuné, que vos hommages, Romains, devaient consoler de tant d’injustices, beau, sensible, chevaleresque, rêvant les exploits, éprouvant l’amour qu’il chantait, s’approcha de ces murs, comme ses héros, de Jérusalem, avec respect et reconnaissance. Mais la veille du jour choisi pour le couronner, la mort l’a réclamé pour sa terrible fête : le ciel est jaloux de la terre, et rappelle ses favoris des rives trompeuses du temps.

Dans un siècle plus fier et plus libre que celui du Tasse, Pétrarque fut aussi comme Le Dante le poëte valeureux de l’indépendance italienne. Ailleurs, on ne connaît de lui que ses amours, ici des souvenirs plus sévères honorent à jamais son nom ; et la patrie l’inspira mieux que Laure elle-même.