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CORINNE OU L’ITALIE

du purgatoire au paradis ; historien fidèle de sa vision, il inonde de clarté les régions les plus obscures, et le monde qu’il crée dans son triple poëme est complet, animé, brillant comme une planète nouvelle aperçue dans le firmament.

À sa voix tout sur la terre se change en poésie ; les objets, les idées, les lois, les phénomènes, semblent un nouvel Olympe de nouvelles divinités ; mais cette mythologie de l’imagination s’anéantit, comme le paganisme, à l’aspect du paradis, de cet océan de lumières, étincelant de rayons et d’étoiles, de vertus et d’amour.

Les magiques paroles de notre plus grand poëte sont le prisme de l’univers ; toutes ses merveilles s’y réfléchissent, s’y divisent, s’y recomposent ; les sons imitent les couleurs, les couleurs se fondent en harmonie ; la rime, sonore ou bizarre, rapide ou prolongée, est inspirée par cette divination poétique, beauté suprême de l’art, triomphe du génie, qui découvre dans la nature tous les secrets en relation avec le cœur de l’homme.

Le Dante espérait de son poëme la fin de son exil ; il comptait sur la renommée pour