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CORINNE OU L’ITALIE

aurait mené chez un cardinal, qui vous aurait conduit chez une femme, qui vous aurait introduit chez Corinne, je vous présente, vous me présentez, et nous serons très-bien reçus tous les deux.

— J’ai moins de confiance que vous, et sans doute avec raison, reprit lord Nelvil, je crains que cette demande précipitée n’ait pu déplaire à Corinne. — Pas du tout, je vous assure, dit le comte d’Erfeuil, elle a trop d’esprit pour cela et sa réponse est très-polie. — Comment, elle vous a répondu, reprit lord Nelvil, et que vous a-t-elle donc dit, mon cher comte ? — Ah, mon cher comte, dit en riant M. d’Erfeuil, vous vous adoucissez donc depuis que vous savez que Corinne m’a répondu ; mais enfin je vous aime et tout est pardonné. Je vous avouerai donc modestement que dans mon billet j’avais parlé de moi plus que de vous, et que dans sa réponse il me semble qu’elle vous nomme le premier ; mais je ne suis jamais jaloux de mes amis. — Assurément, répondit lord Nelvil, je ne pense pas que ni vous ni moi nous puissions nous flatter de plaire à Corinne, et quant à moi, tout ce que je désire, c’est de jouir quelquefois de la société d’une personne aussi étonnante : à ce soir donc, puisque vous l’avez arrangé ainsi.