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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/84

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CORINNE OU L’ITALIE

de la profondeur à la grace, de la conversation la plus étonnante, et par les connaissances et par les idées, à la coquetterie d’une femme qui cherche à plaire et veut captiver ; mais il y avait dans cette coquetterie une noblesse si parfaite, qu’elle imposait autant de respect que la réserve la plus sévère.

Le prince Castel-Forte était très-occupé de Corinne, et tous les Italiens qui composaient sa société lui montraient un sentiment qui s’exprimait par les soins et les hommages les plus délicats et les plus assidus : le culte habituel dont ils l’entouraient répandait comme un air de fête sur tous les jours de sa vie. Corinne était heureuse d’être aimée ; mais heureuse comme on l’est de vivre dans un climat doux, d’entendre des sons harmonieux, de ne recevoir enfin que des impressions agréables. Le sentiment profond et sérieux de l’amour ne se peignait point sur son visage, où tout était exprimé par la physionomie la plus vive et la plus mobile. Oswald la regardait en silence ; sa présence animait Corinne et lui inspirait le désir d’être aimable. Cependant elle s’arrêtait quelquefois dans les momens où sa conversation était la plus brillante, étonnée du calme extérieur d’Oswald, ne sachant pas si elle