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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/83

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CORINNE OU L’ITALIE

Italienne ; mais elle mêlait à tout un sentiment de bonté : on ne voyait jamais rien en elle de calculé ni d’hostile ; car en toute chose c’est la froideur qui offense, et l’imagination, au contraire, a presque toujours de la bonhomie.

Oswald trouvait Corinne pleine de grace, et d’une grace qui lui était toute nouvelle. Une grande et terrible circonstance de sa vie était attachée au souvenir d’une femme française très-aimable et très-spirituelle ; mais Corinne ne lui ressemblait en rien : sa conversation était un mélange de tous les genres d’esprit, l’enthousiasme des beaux arts et la connaissance du monde, la finesse des idées et la profondeur des sentimens ; enfin, tous les charmes de la vivacité et de la rapidité s’y faisaient remarquer, sans que pour cela ses pensées fussent jamais incomplètes, ni ses réflexions légères. Oswald était tout à la fois surpris et charmé, inquiet et entraîné ; il ne comprenait pas comment une seule personne pouvait réunir tout ce que possédait Corinne ; il se demandait si le lien de tant de qualités presque opposées était l’inconséquence ou la supériorité ; si c’était à force de tout sentir, ou parce qu’elle oubliait tout successivement, qu’elle passait ainsi, presque dans un même instant, de la mélancolie à la gaieté,