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CORINNE OU L’ITALIE.

ponde à présent, interrompit Corinne, bientôt vous saurez tout, et ce sera peut-être la fin, la terrible fin de mon bonheur ; mais, avant cet instant, je veux que nous voyions ensemble la campagne heureuse de Naples, avec un sentiment encore doux, avec une ame encore accessible à cette ravissante nature ; je veux consacrer, de quelque manière dans ces beaux lieux, l’époque la plus solennelle de ma vie : il faut que vous conserviez un dernier souvenir de moi, telle que j’étais, telle que j’aurais toujours été, si mon cœur s’était défendu de vous aimer. — Ah ! Corinne, dit Oswald, que voulez-vous m’annoncer par ces paroles sinistres ? Il ne se peut pas que vous ayez rien à m’apprendre qui refroidisse et ma tendresse et mon admiration. Pourquoi donc prolonger encore de huit jours cette anxiété, ce mystère, qui semble élever une barrière entre nous ? — Cher Oswald, je le veux, répondit Corinne, pardonnez-moi ce dernier acte de pouvoir ; bientôt vous seul déciderez de nous deux ; j’attendrai mon sort de votre bouche, sans murmurer, s’il est cruel : car je n’ai sur cette terre ni sentimens, ni liens qui me condamnent à survivre à votre amour. — En achevant ces mots, elle sortit, en repoussant doucement avec sa main Oswald qui voulait la suivre.