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CORINNE OU L’ITALIE.

les étoiles, et la douceur enivrante d’un soir d’Italie ; mais ils causaient une plus touchante émotion encore : ils étaient la voix du ciel au milieu de la nature. — Chère amie, dit Oswald, à voix basse, chère amie de mon cœur, je n’oublierai jamais ce jour : en pourra-t-il jamais exister un plus heureux ? — Et en prononçant ces paroles, ses yeux étaient remplis de larmes. L’un des agrémens séducteurs d’Oswald, c’était cette émotion facile et cependant contenue qui mouillait souvent, malgré lui, ses yeux de pleurs : son regard avait alors une expression irrésistible. Quelquefois même, au milieu d’une douce plaisanterie, on s’apercevait qu’il était ébranlé par un attendrissement secret qui se mêlait à sa gaieté et lui donnait un noble charme. — Hélas ! répondit Corinne, non, je n’espère plus un jour tel que celui-ci ; qu’il soit béni, du moins, comme le dernier de ma vie, s’il n’est pas, s’il ne peut pas être l’aurore d’un bonheur durable. —