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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/149

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CORINNE OU L’ITALIE.

leur soit propre ; le sentiment amer de la malveillance que j’excitais malgré moi se joignait à l’oppression causée par le vide, qui m’empêchait de respirer. C’est en vain qu’on se dit tel homme n’est pas digne de me juger, telle femme n’est pas capable de me comprendre ; le visage humain exerce un grand pouvoir sur le cœur humain ; et quand vous lisez sur ce visage une désapprobation sécrète, elle vous inquiète toujours, en dépit de vous-même ; enfin, le cercle qui vous environne finit toujours par vous cacher le reste du monde ; le plus petit objet placé devant votre œil vous intercepte le soleil ; il en est de même aussi de la cotterie dans laquelle on vit : ni l’Europe ni la postérité ne pourraient rendre insensible aux tracasseries de la maison voisine ; et qui veut être heureux et développer son génie, doit, avant tout, bien choisir l’atmosphère dont il s’entoure immédiatement.