J’AURAIS cependant passé toute ma vie dans
la déplorable situation où je me trouvais, si
j’avais conservé mon père ; mais un accident
subit me l’enleva : je perdis avec lui mon protecteur,
mon ami, le seul qui m’entendît encore
dans ce désert peuplé, et mon désespoir fut
tel, que je n’eus plus la force de résister à mes
impressions. J’avais vingt ans quand il mourut,
et je me trouvai sans autre appui, sans
autre relation que ma belle-mère, une personne
avec laquelle, depuis cinq ans que nous vivions
ensemble, je n’étais pas plus liée que le premier
jour. Elle se mit à me reparler de M. Maclinson,
et quoiqu’elle n’eût pas le droit de me commander
de l’épouser, elle ne recevait que lui
chez elle, et me déclarait assez nettement qu’elle
ne favoriserait aucun autre mariage. Ce n’était
pas qu’elle aimât beaucoup M. Maclinson, quoiqu’il
fut son proche parent ; mais elle me trouvait
dédaigneuse en le refusant, et elle faisait