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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE III.


J’AURAIS cependant passé toute ma vie dans la déplorable situation où je me trouvais, si j’avais conservé mon père ; mais un accident subit me l’enleva : je perdis avec lui mon protecteur, mon ami, le seul qui m’entendît encore dans ce désert peuplé, et mon désespoir fut tel, que je n’eus plus la force de résister à mes impressions. J’avais vingt ans quand il mourut, et je me trouvai sans autre appui, sans autre relation que ma belle-mère, une personne avec laquelle, depuis cinq ans que nous vivions ensemble, je n’étais pas plus liée que le premier jour. Elle se mit à me reparler de M. Maclinson, et quoiqu’elle n’eût pas le droit de me commander de l’épouser, elle ne recevait que lui chez elle, et me déclarait assez nettement qu’elle ne favoriserait aucun autre mariage. Ce n’était pas qu’elle aimât beaucoup M. Maclinson, quoiqu’il fut son proche parent ; mais elle me trouvait dédaigneuse en le refusant, et elle faisait