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CORINNE OU L’ITALIE.

Quand ces paroles furent dites, une sueur froide coula sur le front d’Oswald, et l’effort qu’il avait fait pour parler ainsi était tel, que Corinne, ne pensant qu’à l’état où elle le voyait, fut quelque temps sans lui répondre, et prenant sa main, elle lui dit : — Quoi, vous partez, quoi, vous allez en Angleterre sans moi ? — Oswald se tut. — Cruel, s’écria Corinne avec désespoir, vous ne répondez rien, vous ne combattez pas ce que je vous dis. Ah, c’est donc vrai ! Hélas, tout en le disant, je ne le croyais pas encore. — J’ai retrouvé, grâce a vos soins, répondit Oswald, la vie que j’étais prêt à perdre ; cette vie appartient à mon pays pendant la guerre. Si je puis m’unir à vous, nous ne nous quitterons plus, et je vous rendrai votre nom et votre existence en Angleterre. Si cette destinée trop heureuse m’était interdite, je reviendrais à la paix en Italie ; je resterais long-temps près de vous, et je ne changerais rien à votre sort, qu’en vous donnant un fidèle ami de plus. — Ah ! vous ne changeriez rien à mon sort, dit Corinne, quand vous êtes devenu mon seul intérêt au monde, quand j’ai goûté de cette coupe enivrante qui donne le bonheur ou la mort ! Mais au moins, dites-moi, ce départ, quand aura-t-il lieu ? combien de