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CHAPITRE III.


COMBIEN Rome semble déserte en revenant de Naples ! On entre par la porte de Saint-Jean-de-Latran ; on traverse de longues rues solitaires ; le bruit de Naples, sa population, la vivacité de ses habitans, accoutument à un certain degré de mouvement qui d’abord fait paraître Rome singulièrement triste ; l’on s’y plaît de nouveau, après quelque temps de séjour : mais quand on s’est habitué à une vie de distractions, on éprouve toujours une sensation mélancolique en rentrant en soi-même, dût-on s’y trouver bien. D’ailleurs le séjour de Rome, dans la saison de l’année où l’on était alors, à la fin de juillet, est très-dangereux. Le mauvais air rend plusieurs quartiers inhabitables, et la contagion s’étend souvent sur la ville entière. Cette année, particulièrement, les inquiétudes étaient encore plus grandes qu’à l’ordinaire, et tous les visages portaient l’empreinte d’une terreur secrète.