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CORINNE OU L’ITALIE.

En arrivant, Corinne trouva, sur le seuil de sa porte, un moine qui lui demanda la permission de bénir sa maison, pour la préserver de la contagion : Corinne y consentit, et le prêtre parcourut toutes les chambres, en y jetant de l’eau bénite, et en prononçant des prières latines, au milieu de chacune d’elles. Lord Nelvil souriait un peu de cette cérémonie ; Corinne en était attendrie. — Je trouve un charme indéfinissable, lui dit-elle, dans tout ce qui est religieux, je dirais même superstitieux, quand il n’y a rien d’hostile ni d’intolérant dans cette superstition ; le secours divin est si nécessaire lorsque les pensées et les sentimens sortent du cercle commun de la vie ! c’est pour les esprits distingués surtout que je conçois le besoin d’une protection surnaturelle. — Sans doute ce besoin existe, reprit lord Nelvil ; mais est-ce ainsi qu’il peut être satisfait ? — Je ne refuse jamais, reprit Corinne, une prière en association avec les miennes, de quelque part qu’elle me soit offerte. — Vous avez raison, dit lord Nelvil. — Et il donna sa bourse pour les pauvres au prêtre vieux et timide, qui s’en alla en les bénissant tous les deux.

Dès que les amis de Corinne la surent arrivée, ils se hâtèrent d’aller chez elle ; aucun ne