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CORINNE OU L’ITALIE.

Corinne monta sur le vaisseau dont l’intérieur était entretenu avec les soins et la propreté la plus recherchée. On n’entendait que la voix du capitaine, qui se prolongeait et se répétait d’un bord à l’autre par le commandement et l’obéissance. La subordination, le sérieux, la régularité, le silence qu’on remarquait dans ce vaisseau, étaient l’image d’un ordre social libre et sévère, en contraste avec cette ville de Naples, si vive, si passionnée, si tumultueuse. Oswald était occupé de Corinne et de l’impression qu’elle recevait ; mais il était aussi quelquefois distrait d’elle par le plaisir de se trouver dans sa patrie. Et n’est-ce pas, en effet, l’air natal pour un Anglais, qu’un vaisseau au milieu de la mer ? Oswald se promenait avec les Anglais qui étaient à bord pour savoir des nouvelles de l’Angleterre, pour causer de son pays et de la politique. Pendant ce temps, Corinne était auprès des femmes anglaises qui étaient venues de Naples pour assister au culte divin. Elles étaient entourées de leurs enfans, beaux comme le jour, mais timides comme leurs mères, et pas un mot ne se disait devant une nouvelle connaissance. Cette contrainte, ce silence rendaient Corinne assez triste ; elle levait les yeux vers la belle Naples, vers ses bords fleuris, vers sa vie ani-