Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
CORINNE OU L’ITALIE.

terre, que les papiers publics en ont parlé, qu’on a commencé à soupçonner qui vous êtes, et que votre famille, excitée par lady Edgermond, a déclaré qu’elle ne vous reconnaîtrait jamais. Laissez-moi le temps de la ramener, de forcer votre belle-mère à ce qu’elle vous doit ; mais si j’arrive avec vous et que je sois contraint à vous quitter avant de vous avoir fait rendre votre nom, je vous livre à toute la sévérité de l’opinion, sans être là pour vous défendre. — Ainsi vous me refusez tout, dit Corinne ; et en achevant ces mots elle tomba sans connaissance, et sa tête heurtant avec violence contre terre, le sang en rejaillit. Oswald, à ce spectacle, poussa des cris déchirans. Thérésine arriva dans un trouble extrême ; elle rappela sa maîtresse à la vie. Mais quand Corinne revint à elle, elle aperçut dans une glace son visage pâle et défait, ses cheveux épars et teints de sang. — Oswald, dit-elle, Oswald, ce n’est pas ainsi que j’étais lorsque vous m’avez rencontrée au Capitole ; je portais sur mon front la couronne de l’espérance et de la gloire, maintenant il est souillé de sang et de poussière ; mais il ne vous est pas permis de me mépriser pour cet état dans lequel vous m’avez mise. Les autres le peuvent, mais vous,