OSWALD, pendant les premiers jours de son
voyage, fut prêt vingt fois à retourner pour rejoindre
Corinne ; mais les motifs qui l’entraînaient
triomphèrent de ce désir. C’est un pas
solennel de fait dans l’amour que de l’avoir
vaincu une fois : le prestige de sa toute-puissance
est fini.
En approchant de l’Angleterre, tous les souvenirs
de la patrie rentrèrent dans l’ame d’Oswald ;
l’année qu’il venait de passer en Italie
n’était en relation avec aucune autre époque de
sa vie. C’était comme une apparition brillante
qui avait frappé son imagination, mais n’avait
pu changer entièrement les opinions ni les goûts
dont son existence s’était composée jusqu’alors.
Il se retrouvait lui-même ; et, bien que le regret
d’être séparé de Corinne l’empêchât d’éprouver
aucune impression de bonheur, il reprenait
pourtant une sorte de fixité dans les idées, que
le vague enivrant des beaux-arts et de l’Italie