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CORINNE OU L’ITALIE.

dire qui soit à ma portée. Je n’entends par moralité que l’exacte observation des règles établies : hors de là, je ne comprends que des qualités mal employées, qui méritent tout au plus de la pitié. — Le monde eut été bien aride, madame, répondit Oswald, si l’on n’avait jamais conçu ni le génie, ni l’enthousiasme, et qu’on eût fait de la nature humaine une chose si réglée et si monotone. Mais, sans continuer davantage une inutile discussion, je viens vous demander formellement si vous ne reconnaîtrez pas pour votre belle-fille miss Edgermond, lorsqu’elle sera lady Nelvil. — Encore moins, reprit lady Edgermond ; car je dois à la mémoire de votre père d’empêcher, si je le puis, l’union la plus funeste. — Comment, mon père ? dit Oswald, que ce nom troublait toujours. — Ignorez-vous, continua lady Edgermond, qu’il refusa la main de miss Edgermond pour vous, lorsqu’elle n’avait encore fait aucune faute, lorsqu’il prévoyait seulement, avec la sagacité parfaite qui le caractérisait, ce qu’elle serait un jour ? — Quoi ! vous savez… — La lettre de votre père à mylord Edgermond, sur ce sujet, est entre les mains de M. Dickson, son ancien ami, interrompit lady Edgermond ; je la lui ai remise, quand j’ai su vos relations avec Corinne en Italie, afin qu’il vous