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CORINNE OU L’ITALIE.

qui rendent la vie si difficile. Vous la verrez s’ennuyer dans ce pays, désirer de retourner en Italie ; elle vous y entraînera : vous quitterez vos amis, votre patrie, celle de votre père, pour une étrangère aimable, j’y consens, mais qui vous oublierait si vous le vouliez, car il n’y a rien de plus mobile que ces têtes exaltées. Les profondes douleurs ne sont faites que pour ce que vous appelez les femmes médiocres, c’est-à-dire celles qui ne vivent que pour leur époux et leurs enfans. — La violence du mouvement qui avait fait parler ainsi lady Edgermond, elle qui, toujours habituée à la contrainte, ne s’était peut-être pas une fois dans toute sa vie laissée aller à ce point, ébranla ses nerfs déjà malades, et en finissant de parler elle se trouva mal. Oswald la voyant dans cet état sonna vivement pour appeler du secours.

Lucile arriva très-effrayée, s’empressa de soulager sa mère, et jeta seulement sur Oswald un regard inquiet qui semblait lui dire : Est-ce vous qui avez fait mal à ma mère ? Ce regard attendrit profondément lord Nelvil. Lorsque lady Edgermond revint à elle, il cherchait à lui montrer l’intérêt qu’elle lui inspirait ; mais elle le repoussa avec froideur, et rougit en pensant que par son émotion elle avait peut-être