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CORINNE OU L’ITALIE.

manqué de fierté pour sa fille, et trahi le désir qu’elle avait eu de lui donner lord Nelvil pour époux. Elle fit signe à Lucile de s’éloigner, et dit : — Mylord, vous devez, dans tous les cas, vous considérer comme libre de l’espèce d’engagement qui pouvait exister entre nous. Ma fille est si jeune quelle n’a pu s’attacher au projet que nous avions formé, votre père et moi. Mais il est plus convenable cependant, ce projet étant changé, que vous ne reveniez pas chez moi, tant que ma fille ne sera pas mariée. — Je me bornerai donc, reprit Oswald en s’inclinant devant elle, à vous écrire pour traiter avec vous du sort d’une personne que je n’abandonnerai jamais. — Vous en êtes le maître, répondit lady Edgermond avec une voix étouffée ; — et lord Nelvil partit.

En passant à cheval dans l’avenue, il aperçut de loin, dans le bois, l’élégante figure de Lucile. Il ralentit les pas de son cheval pour la voir encore, et il lui parut que Lucile suivait la même direction que lui, en se cachant derrière les arbres. Le grand chemin passait devant un pavillon à l’extrémité du parc. Oswald remarqua que Lucile entrait dans ce pavillon : il passa devant avec émotion, mais sans pouvoir la découvrir. Il retourna plusieurs fois la tête