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CORINNE OU L’ITALIE.

des plaisirs de l’Italie ! Un Écossais sigisbé de sa femme, s’il ne l’est pas de celle d’un autre ! Inutile à sa famille, dont il n’est plus ni le guide ni l’appui ! Tel que je connais Oswald, votre fille prendrait un grand empire sur lui. Je m’applaudis donc de ce que son séjour actuel en France lui a évité l’occasion de voir miss Edgermond ; et j’ose vous conjurer, mon ami, si je mourais avant le mariage de mon fils, de ne pas lui faire connaître votre fille aînée avant que votre fille cadette soit en âge de le fixer. Je crois notre liaison assez ancienne, assez sacrée pour attendre de vous cette marque d’affection. Dites à mon fils, s’il le fallait, mes volontés à cet égard ; je suis sûr qu’il les respectera, et plus encore si j’avais cessé de vivre.

Donnez aussi, je vous prie, tous vos soins à l’union d’Oswald avec Lucile. Quoiqu’elle soit bien enfant, j’ai démêlé dans ses traits, dans l’expression de sa physionomie, dans le son de sa voix, la modestie la plus touchante. Voilà quelle est la femme vraiment Anglaise qui fera le bonheur de mon fils ; si je ne vis pas assez pour être témoin de cette union, je m’en réjouirai dans le ciel ; quand nous y serons un jour réunis, mon cher ami, notre