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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/324

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CORINNE OU L’ITALIE.

Castel-Forte : « Adieu, mon fidèle protecteur, adieu, mes amis de Rome, adieu, vous tous avec qui j’ai passé des jours si doux et si faciles. C’en est fait, la destinée m’a frappée ; je sens en moi sa blessure mortelle : je me débats encore ; mais je succomberai. Il faut que je le revoie, croyez-moi, je ne suis pas responsable de moi-même, il y a dans mon sein des orages que ma volonté ne peut gouverner. Cependant j’approche du terme où tout finira pour moi ; ce qui se passe à présent est le dernier acte de mon histoire, après viendra la pénitence et la mort. Bizarre confusion du cœur humain ! Dans ce moment même où je me conduis comme une personne si passionnée, j’aperçois cependant les ombres du déclin dans l’éloignement, et je crois entendre une voix divine qui me dit : — Infortunée, encore ces jours d’agitation et d’amour, et je t’attends dans le repos éternel. — Ô mon Dieu ! accordez-moi la présence d’Oswald encore une fois, une dernière fois. Le souvenir de ses traits s’est comme obscurci par mon désespoir. Mais n’avait-il pas quelque chose de divin dans le regard ? Ne semblait-il pas, quand il entrait, qu’un air brillant et pur annonçait son approche ? Mon ami, vous l’avez vu se placer près