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CORINNE OU L’ITALIE.

trop un attachement pour la mère, animé par l’attrait qu’inspirait la fille.

Lucile descendit de voiture. Elle avait un habit de cheval qui dessinait à ravir l’élégance de sa taille ; sur sa tête, un chapeau noir, orné de plumes blanches, et ses beaux cheveux blonds, légers comme l’air, tombaient avec grâce sur son charmant visage. Oswald baissa la main de manière que Lucile pût y poser son pied pour monter sur le cheval. Lucile s’attendait que ce serait un de ses gens qui lui rendrait ce service. Elle rougit en le recevant de lord Nelvil. Il insista : Lucile enfin mit sur cette main un pied charmant, et s’élança si légèrement à cheval, que tous ses mouvemens donnaient l’idée d’une de ces sylphides que l’imagination nous peint avec des couleurs si délicates. Elle partit au galop. Oswald la suivit, et ne la perdit pas de vue. Une fois le cheval fit un faux pas. À l’instant lord Nelvil l’arrêta, examina la bride et le mords avec une aimable anxiété. Une autre fois il crut à tort que le cheval s’emportait, il devint pâle comme la mort, et poussant son propre cheval avec une incroyable ardeur, dans une seconde il atteignit celui de Lucile, descendit et se précipita devant elle. Lucile, ne pouvant plus retenir son cheval, frémissait à son tour de