Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE IX


LADY Edgermond était depuis deux jours à sa terre, et ce soir là même il y avait un grand bal chez elle. Tous ses voisins, tous ses vassaux lui avaient demandé de se réunir pour célébrer son arrivée ; Lucile l’avait aussi désiré, peut-être dans l’espoir qu’Oswald y viendrait ; en effet, il y était lorsque Corinne arriva. Elle vit beaucoup de voitures dans l’avenue, et fit arrêter la sienne à quelques pas, elle descendit, et reconnut le séjour où son père lui avait témoigné les sentimens les plus tendres. Quelle différence entre ces temps quelle croyait alors malheureux et sa situation actuelle ! C’est ainsi que dans la vie on est puni des peines de l’imagination par les chagrins réels, qui n’apprennent que trop à connaître le véritable malheur.

Corinne fit demander pourquoi le château était illuminé et quelles étaient les personnes qui s’y trouvaient dans ce moment. Le hasard fît que le domestique de Corinne interrogea l’un de