LADY Edgermond était depuis deux jours à sa
terre, et ce soir là même il y avait un grand bal
chez elle. Tous ses voisins, tous ses vassaux lui
avaient demandé de se réunir pour célébrer son
arrivée ; Lucile l’avait aussi désiré, peut-être
dans l’espoir qu’Oswald y viendrait ; en effet, il
y était lorsque Corinne arriva. Elle vit beaucoup
de voitures dans l’avenue, et fit arrêter la sienne
à quelques pas, elle descendit, et reconnut le séjour
où son père lui avait témoigné les sentimens
les plus tendres. Quelle différence entre ces temps
quelle croyait alors malheureux et sa situation
actuelle ! C’est ainsi que dans la vie on est puni
des peines de l’imagination par les chagrins réels,
qui n’apprennent que trop à connaître le véritable
malheur.
Corinne fit demander pourquoi le château était illuminé et quelles étaient les personnes qui s’y trouvaient dans ce moment. Le hasard fît que le domestique de Corinne interrogea l’un de