Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/375

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sur-le-champ à cheval pour l’y chercher, tant il se croyait le besoin de le revoir. Comme il passait très-vite, il aperçut sur le bord du chemin une femme étendue sans mouvement, il s’arrêta, descendit de cheval, et se hâta de la secourir. Quelle fut sa surprise en reconnaissant Corinne à travers sa mortelle pâleur ! Une vive pitié le saisit ; avec l’aide de son domestique il arrangea quelques branches pour la transporter, et son dessein était de la conduire ainsi au château de lady Edgermond, lorsque Thérésine qui était restée dans la voiture de Corinne, inquiète de ne pas voir revenir sa maîtresse, arriva dans ce moment, et, croyant que lord Nelvil pouvait seul l’avoir plongée dans cet état, décida qu’il fallait aller portée à la ville voisine. Le comte d’Erfeuil suivit Corinne, et pendant huit jours que l’infortunée eut la fièvre et le délire, il ne la quitta point ; ainsi c’était l’homme frivole qui la soignait, et l’homme sensible qui lui perçait le cœur.

Ce contraste frappa Corinne quand elle reprit ses sens, et elle remercia le comte d’Erfeuil avec une profonde émotion ; il répondit en cherchant vite à la consoler : il était plus capable de nobles actions que de paroles sérieuses, et Corinne devait trouver en lui plutôt des secours