Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/380

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elle-même fût néanmoins, dans de certains caractères, l’effet de la frivolité.

Corinne pendant son délire avait trahi presque tous ses secrets, et les papiers publics avaient appris le reste au comte d’Erfeuil ; plusieurs fois il aurait voulu que Corinne s’entretînt avec lui de ce qu’il appelait ses affaires ; mais il suffisait de ce mot pour glacer la confiance de Corinne, et elle le supplia de ne pas exiger d’elle qu’elle prononçât le nom de lord Nelvil. Au moment de quitter le comte d’Erfeuil, Corinne ne savait comment lui exprimer sa reconnaissance ; car elle était à la fois bien aise de se trouver seule, et fâchée de se séparer d’un homme qui se conduisait si bien envers elle. Elle essaya de le remercier : mais il lui dit si naturellement de n’en plus parler, qu’elle se tut. Elle le chargea d’annoncer à lady Edgermond qu’elle refusait en entier l’héritage de son oncle, et le pria de s’acquitter de cette commission comme s’il l’avait reçue d’Italie, sans apprendre à sa belle-mère qu’elle était venue en Angleterre.

— Et lord Nelvil doit-il le savoir ? dit alors le comte d’Erfeuil. — Ces mots firent tressaillir Corinne. Elle se tut quelque temps, puis elle