UN vent favorable transporta Corinne à Livourne
en moins d’un mois. Elle eut presque
toujours la fièvre pendant ce temps, et son abattement
était tel, que la douleur de l’ame se mêlant
à la maladie, toutes ses impressions se confondaient
ensemble, et ne laissaient en elle aucune
trace distincte. Elle hésita, en arrivant, si
elle se rendrait d’abord à Rome ; mais bien que
ses meilleurs amis l’y attendissent, une répugnance
insurmontable l’empêchait d’habiter
les lieux où elle avait connu Oswald. Elle
se retraçait sa propre demeure, la porte qu’il
ouvrait deux fois par jour en venant chez elle,
et l’idée de se retrouver là sans lui la faisait frissonner.
Elle résolut donc de se rendre à Florence ;
et comme elle avait le sentiment que sa
vie ne résisterait pas long-temps à ce qu’elle
souffrait, il lui convenait assez de se détacher
par degrés de l’existence, et de commencer d’abord
par vivre seule loin de ses amis, loin de la