Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/384

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ville témoin de ses succès, loin du séjour où l’on essaierait de ranimer son esprit, où on lui demanderait de se montrer ce qu’elle était autrefois, quand un découragement invincible lui rendait tout effort odieux.

En traversant la Toscane, ce pays si fertile, en approchant de cette Florence, si parfumée de fleurs, en retrouvant enfin l’Italie, Corinne n’éprouva que de la tristesse ; toutes ces beautés de la campagne qui l’avaient enivrée dans un autre temps la remplissaient de mélancolie. Combien est terrible, dit Milton, le désespoir que cet air si doux ne calme pas ! Il faut l’amour ou la religion pour goûter la nature, et, dans ce moment, la triste Corinne avait perdu le premier bien de la terre, sans avoir encore retrouvé ce calme que la dévotion seule peut donner aux ames sensibles et malheureuses.

La Toscane est un pays très-cultivé et très-riant, mais il ne frappe point l’imagination comme les environs de Rome. Les Romains ont si bien effacé les institutions primitives du peuple qui habitait jadis la Toscane, qu’il n’y reste presque plus aucune des antiques traces qui inspirent tant d’intérêt pour Rome et pour Naples. Mais on y remarque un autre genre de beautés historiques, ce sont les