Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/387

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résolution à prendre, le moindre ordre à donner lui causait un redoublement de peine. Elle ne pouvait passer les jours que dans une inactivité complète ; elle se levait, se couchait, se relevait, ouvrait un livre sans pouvoir en comprendre une ligne. Souvent elle restait des heures entières à sa fenêtre, puis elle se promenait avec rapidité dans son jardin : une autrefois elle prenait un bouquet de fleurs, cherchant à s’étourdir par leur parfum. Enfin le sentiment de l’existence la poursuivait comme une douleur sans relâche, et elle essayait mille ressources pour calmer cette dévorante faculté de penser qui ne lui présentait plus, comme jadis, les réflexions les plus variées, mais une seule idée, mais une seule image armée de pointes cruelles qui déchiraient son cœur.