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CORINNE OU L’ITALIE.

sœur en Italie, continua lord Nelvil. — Je la sais, reprit Lucile ; en avez-vous des nouvelles ? — Non, dit mylord Nelvil, depuis que je suis parti pour l’Amérique j’ignore absolument ce qu’elle est devenue. — Hé bien, mylord, nous le saurons en Italie. — Vous intéresse-t-elle encore ? — Oui, mylord, répondit Lucile, je n’ai point oublié la tendresse qu’elle m’a témoignée dans mon enfance. — Oh, il ne faut rien oublier, dit lord Nelvil en soupirant ; — et le silence de tous les deux finit l’entretien. Oswald n’allait point en Italie dans l’intention de renouveler ses liens avec Corinne ; il avait trop de délicatesse pour se laisser approcher par une telle idée : mais s’il ne devait pas se rétablir de la maladie de poitrine dont il était menacé, il trouvait assez doux de mourir en Italie, et d’obtenir, par un dernier adieu, le pardon de Corinne. Il ne croyait pas que Lucile pût savoir la passion qu’il avait eue pour sa sœur ; encore moins se doutait-il qu’il eût trahi, dans son délire, les regrets qui l’agitaient encore. Il ne rendait pas justice à l’esprit de sa femme, parce que cet esprit était stérile, et lui servait plutôt à deviner ce que pensaient les autres, qu’à les intéresser par ce qu’elle pensait elle-même. Oswald s’était donc accoutumé à la con-