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CORINNE OU L’ITALIE.

sidérer comme une belle et froide personne, qui remplissait ses devoirs et l’aimait autant qu’elle pouvait aimer ; mais il ne connaissait pas la sensibilité de Lucile : elle mettait le plus grand soin à la cacher. C’était par fierté qu’elle dissimulait dans cette circonstance ce qui l’affligeait ; mais dans une situation parfaitement heureuse, elle se serait encore fait un reproche de laisser voir une affection vive, même pour son époux. Il lui semblait que la pudeur était blessée par l’expression de tout sentiment passionné ; et, comme elle était cependant capable de ces sentimens, son éducation, en lui imposant la loi de se contraindre, l’avait rendue triste et silencieuse : on l’avait bien convaincue qu’il ne fallait pas révéler ce qu’elle éprouvait, mais elle ne prenait aucune plaisir à dire autre chose.