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CORINNE OU L’ITALIE.

courant, et il fallait attendre que les Italiens, peuple qui ne se presse pas, les eussent ramenés sur le nouveau rivage que le torrent avait formé. Lucile, pendant ce temps, se promenait pensive et glacée ; le brouillard était tel que le fleuve se confondait avec l’horizon, et ce spectacle rappelait bien plutôt les descriptions poétiques des rives du Styx, que ces eaux bienfaisantes qui doivent charmer les regards des habitans brûlés par les rayons du soleil. Lucile craignait pour sa fille le froid rigoureux qu’il faisait, et la mena dans une cabane de pêcheur où le feu était allumé au milieu de la chambre comme en Russie. — Où donc est votre belle Italie ? dit Lucile en souriant à lord Nelvil. — Je ne sais quand je la retrouverai, répondit-il avec tristesse. —

En approchant de Parme et de toutes les villes qui sont sur cette route, on a de loin le coup-d’œil pittoresque des toits en forme de terrasse qui donnent aux villes d’Italie un aspect oriental. Les églises, les clochers ressortent singulièrement au milieu de ces plates-formes ; et quand on revient dans le nord, les toits en pointe, qui sont ainsi faits pour se garantir de la neige, causent une impression très-désagréable. Parme conserve encore quelques chefs-d’œuvre du