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CORINNE OU L’ITALIE.

par calcul, et encore moins la plus solennelle action de la vie. Mais enfin elle s’est conduite à merveille avec l’époux qu’elle n’aimait pas ; il n’y a rien à dire à tout cela, selon le monde : maintenant qu’elle est libre, elle revient demeurer chez moi. Vous la verrez ; c’est une personne très-aimable à la longue : et vous autres Anglais vous aimez à faire des découvertes. Pour moi, je trouve plus agréable de lire d’abord tout dans la physionomie, vos manières contenues cependant, mon cher Oswald, ne m’ont jamais fait de la peine, mais celles de ma sœur me gênent un peu. —

Madame d’Arbigny, la sœur du comte Raimond, arriva le lendemain matin, et le même soir je lui fus présenté : elle avait des traits semblables à ceux de son frère, un son de voix analogue, mais une manière d’accentuer toute différente, et beaucoup plus de réserve et de finesse dans l’expression de ses regards ; sa figure d’ailleurs était très-agréable, sa taille pleine de grâce, et il y avait dans tous ses mouvemens une élégance parfaite, elle ne disait pas un mot qui ne fût convenable ; elle ne manquait à aucun genre d’égards, sans que sa politesse fut en rien exagérée ; elle flattait l’amour-propre avec beaucoup d’adresse, et montrait qu’on lui