CORINNE, se croyant atteinte d’une maladie
mortelle, souhaitait de laisser à l’Italie, et surtout
à lord Nelvil, un dernier adieu qui rappelât
le temps où son génie brillait dans tout
son éclat. C’est une faiblesse qu’il faut lui pardonner.
L’amour et la gloire s’étaient toujours
confondus dans son esprit, et jusqu’au moment
où son cœur fit le sacrifice de tous les
attachemens de la terre, elle désira que l’ingrat
qui l’avait abandonnée sentît encore une
fois que c’était à la femme de son temps qui savait
le mieux aimer et penser qu’il avait donné
la mort. Corinne n’avait plus, la force d’improviser ;
mais elle composa des vers, et choisit un
jour pour réunir dans une des salles de l’académie
de Florence tous ceux qui désiraient de
les entendre ; elle confia son dessein à Lucile,
et la pria d’amener son époux. — Je puis vous
le demander, lui dit-elle, dans l’état où je suis. —
Un trouble affreux saisit Oswald en appre-