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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/498

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CORINNE OU L’ITALIE.

nant la résolution de Corinne. Lirait-elle ses vers elle-même ? Quel sujet voulait-elle traiter ? Enfin il suffisait de la possibilité de la voir pour bouleverser entièrement l’ame d’Oswald. Le matin du jour désigné, l’hiver, qui se fait si rarement sentir en Italie, s’y montra pour un moment comme dans les climats du nord. On entendait un vent horrible siffler dans les maisons. La pluie battait avec violence sur les carreaux des fenêtres, et, par une singularité dont il y a cependant plus d’exemples en Italie que partout ailleurs, le tonnerre se faisait entendre au milieu du mois de janvier, et mêlait un sentiment de terreur à la tristesse du mauvais temps. Oswald ne prononçait pas un seul mot, mais toutes les sensations extérieures semblaient augmenter le frisson de son ame.

Il arriva dans la salle avec Lucile. Une foule immense y était rassemblée. À l’extrémité, dans un endroit fort obscur, un fauteuil était préparé, et lord Nelvil entendait dire autour de lui que Corinne devait s’y placer, parce qu’elle était si malade, qu’elle ne pourrait pas réciter elle-même ses vers. Craignant de se montrer, tant elle était changée, elle avait choisi ce moyen pour voir Oswald, sans être vue. Dès qu’elle sut qu’il y était, elle alla voilée vers ce