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Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/51

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perte de la colonie.

et celle du fort William-Henri sur le lac Georges. En 1758, c’est Montcalm, le commandant en chef des troupes françaises en Amérique, battant à Carillon une armée anglaise cinq fois plus forte que la sienne.

Mais nos triomphes mêmes nous affaiblissaient, Montcalm ne recevait pas de secours, et tandis que l’Angleterre, pour cette conquête à laquelle elle s’acharnait, prodiguait l’or et les hommes, tandis qu’au dire de lord Chesterfield elle dépensait 80 millions de livres sterling (deux milliards de francs), qu’elle rassemblait en Amérique, pour la campagne de 1759, une force armée de plus de 50,000 hommes, pendant ce temps, la France, oubliant ses intérêts les plus chers, n’envoyait au Canada qu’un nombre dérisoire de soldats [1].

D’où venait cet oubli ? Quelle était la cause de cet aveuglement ? N’y avait-il donc personne en France, personne dans le gouvernement, qui comprît que ce continent, pour la conquête duquel nos ennemis faisaient tant de sacrifices, pouvait en mériter quelques-uns pour être défendu ? Pourquoi, alors que toutes nos forces, tout notre argent, toute notre énergie, n’eussent pas été de trop pour la défense de nos droits, de notre influence, de notre souveraineté sur le continent américain (car c’est bien du continent tout entier, non du Canada seulement qu’il s’agissait), pourquoi nous laissions-nous entraîner à gaspiller,

  1. Quatre mille hommes pendant toute la durée de la guerre. (Voy. Dussieux, le Canada sous la domination française.)