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Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/52

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la nation canadienne.

en Europe, nos ressources et nos forces dans une guerre continentale engagée sans nécessité ?

De cette guerre européenne si contraire à nos intérêts, et de l’alliance avec l’Autriche, qui en fut la cause, on a accusé Louis XV, ses ministres et surtout sa favorite. S’ils furent coupables, ils ne le furent pas seuls : la France tout entière fut leur complice. Cette faute politique, qui devait être si désastreuse par ses résultats, est imputable à l’opinion publique qui régnait dans le pays, à l’indifférence pour l’Amérique, à l’enthousiasme pour les conquêtes en Europe. Aveugles sur l’avenir, les Français du dix-huitième siècle semblaient, en dehors de Paris, de la France et de l’Europe, ignorer l’existence du monde. Une province sur leurs frontières leur semblait plus grande et plus importante qu’un continent sur l’autre hémisphère ; c’est de cette erreur, de cette ignorance même que vint l’oubli des grands intérêts français dans le monde. Là fut le vice, là fut la faute.

Quelle impardonnable indifférence de l’opinion[1] pour cette guerre d’Amérique, dans laquelle nos héroïques troupes et les valeureuses milices canadiennes combattaient un contre dix et faisaient des prodiges de valeur ! M. A. M. de Bougainville, chargé par le gouverneur d’aller réclamer des secours, le ministre de la marine, Berryer, répondait Brusquement : « Monsieuir, quand la maison est en feu on ne s’occupe pas des écuries. — On ne dira pas, mon

  1. Voy. ci-dessous, chap. xxvii.